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6 octobre 2025

La Dernière archive – Entretien avec Camille Sirieix

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Entretien camille

À l’occasion de la parution de La Dernière archive le 8 octobre prochain, Camille Sirieix revient sur l’écriture de ce roman qui vous entraînera au cœur de la ville de Savère et de ses complots !

La Dernière archive, sort ce 8 octobre. Quelle a été l’idée à l’origine de ce récit ? Comment cette aventure a-t-elle débuté ?

L’idée n’est pas venue immédiatement, mais a germé longtemps avant de lever. Disons que j’ai cultivé le terreau de la cité de Savère depuis ma première rencontre avec une dystopie « méconnue » de ma génération : Brazil. J’étais (beaucoup) trop jeune pour regarder le film la première fois qu’il est passé sur la télévision familiale et il a laissé une empreinte indélébile sur mon imaginaire. Puis je suis tombée dans les bandes dessinées de la série L’incal (Moebius et Jodorowsky). Le principe de villes en vase clos a très vite dominé mes nouvelles écrites à l’adolescence, de sorte que Savère avait presque une existence propre dès 2005.

Pour la Dernière archive, il a suffi d’un visage en salon professionnel, quatorze ans plus tard, pour placer un premier personnage au cœur de cette cité. Et un défi d’écriture sur le mois de novembre pour dérouler l’intrigue ensuite.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ? Comment définiriez-vous votre univers ?

Eulalie mène une vie prévisible et bien rangée, dans le calme des Archives. L’odeur des livres, le chuchotement des pages qu’on tourne… Elle pensait qu’il n’y avait que les entrées tonitruantes de son frère, magistrat, qui pourrait perturber son équilibre. Malheureusement, la mort d’un Marcheur, ces anonymes sans logis qui arpentent les gaines de la ventilation de la cité fera encore plus de bruit.

Le trop bien rangé, trop bien ordonné, ne peut pas résister lorsque les différentes strates d’une société parfaitement découpée se percutent. Surtout quand Thybalt, un enquêteur des bas-fonds, déboule aux Archives, en quête de vérités, au grand damn de l’Ordre local. Plus vite son enquête est close, plus vite il retourne là d’où il vient… Sauf que, grâce à lui, Eulalie met rapidement le doigt sur un nouveau mystère, insupportable à ses yeux d’archiviste méticuleuse. À travailler ensemble, ils vont se rendre compte qu’ils ont chacun beaucoup à apprendre l’un de l’autre. Bien entendu, la rencontre de leurs deux visions du monde va faire autant d’étincelles à leur niveau qu’à celui de la cité…

On suit donc le parcours de Thybalt et Eulalie. Qui sont-ils ? Comment les avez-vous créés ?

Thybalt est venu en premier. Je m’ennuyais le soir du fameux salon, en attendant mon repas à l’hôtel, quand Savère (qui s’appelait Dédale, puis Babel à l’époque) m’est revenue en tête. Étrangement, je le voyais bien, ce commercial qui avait essayé de me vendre une formation, en train de monter et descendre des dizaines d’escaliers pour courir après un mystérieux assassin… Dans le train du retour, j’ai passé une bonne partie du trajet à dérouler le synopsis d’une enquête assez sombre.

Mais il lui fallait un acolyte, un candide. Et c’est là que Sam Lowry le héros de Brazil est entré en scène. Du moins, un équivalent féminin, celle qui vit le système de l’intérieur, un autre intérieur. Ils ont tous deux la même candeur face à leur propre monde et la même détermination à faire leur travail jusqu’au bout, malgré les absurdités qu’ils rencontrent. C’est une alliée précieuse pour un enquêteur qui, de par son origine, n’aura pas accès à tous les rouages de sa propre cité.

Eulalie était beaucoup trop candide dans les premières versions, et ses attitudes ont beaucoup évolué entre la première et la dernière version. Je crois que Thybalt est celui qui est resté le même de bout en bout. Il avait déjà sa personnalité, n’en a pas changé.

Quant à l’intrigue, elle était définie du J0 au dénouement et, très étrangement, ils ne s’en sont pas trop éloignés ! J’en suis la première surprise, moi qui ai plutôt l’habitude de suivre avec consternation les sorties de route de mes personnages…

Pour l’anecdote, j’hésitais à la base entre trois prénoms : Eulalie, Eugénie ou Eudoxie. Mais Eudoxie fait trop « nom de médicament ». Et les Magistrats m’ont appris au bout de plusieurs chapitres qu’ils aiment donner des prénoms significatifs à leur descendance…

Au cœur d’une cité où les attendent trahisons et créatures terrifiantes tapies dans l’ombre… Vos héros vont être confrontés à de nombreux dangers ! Avec ce roman, aviez-vous envie de traiter de thématiques qui vous tiennent à cœur ou était-ce simplement pour le plaisir de partager une belle aventure ?

Je ne peux pas trop en dire sans divulgâcher une partie de l’intrigue, donc on va parler du plus évident : comment l’individu reçoit et traite l’information quand le monde qu’il connaît à l’air de s’effondrer autour de lui ? Un voisinage si sûr, où les victimes se multiplient et la psychose monte, faut-il garder la tête froide et les pieds sur terre ? Ou faut-il à tout prix agir ? Et comment ?

Avez-vous eu des sources d’inspiration en particulier ?

Les cité-puits de l’œuvre L’incal (Alejandro Jodorowsky) et le film Brazil, de Terry Gilliam, avec leurs révoltes populaires plus ou moins réussies, mais toujours grotesques, ainsi que le célèbre tableau La Carte de l’enfer (Botticelli) m’ont soufflé une Savère emplie de gothisme, de gaines de ventilations omniprésentes et d’un système de messagerie pneumatique… très performant.

L’application d’Eulalie à son travail, fourmi ouvrière d’une mécanique trop peu huilée, doit beaucoup à Giovanni, le protagoniste délaissé par ses supérieurs de La Tour (Schuiten et Peeters) et à Sam Lowry toujours du film Brazil, lui aussi victime de ses propres traumatismes, dans sa vie bien rangée.

Et, très étrangement, au film le Petit vampire sorti en 2000. On a les références qu’on a…

Si La Dernière archive devait être porté à l’écran, qui imaginez-vous dans les rôles de Thybalt et Eulalie ?

On parlait tout à l’heure de personnages qui échappent à leur créateurice.. Après avoir été un commercial bavard, Thybalt a longtemps eu le physique d’Henry Cavill. Jusqu’à ce que je me rende compte que je ne voyais plus personne d’autre que David Giuntoli, acteur américain et rôle principal de la série Grimm.

Pour Eulalie, c’est l’actrice américaine Emmy Rossum que je verrais le plus arpenter les couloirs de Savère, une pile de livres à la main, sonnée par le chant de la sirène d’alerte.

Trois mots pour la fin ?

Lire la Dernière archive vous fera travailler le cardio. Il y a trop d’escaliers dans ce roman haha !

Sirieix site
Camille Sirieix
Autrice

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