L’hiver s’avance, silencieux, jusqu’à nos portes, et avec lui le désir de s’immerger dans des histoires qui réchauffent autant qu’elles troublent.
Alors que décembre est à nos portes, nous vous invitons à découvrir trois récits qui vous entraîneront au cœur de territoires où aventures, mystères et dangers s’entrelacent, dessinant des chemins aussi lumineux que périlleux sous la blancheur du monde.
Cap sur la banquise avec Vicki Jarrett et Toujours le nord
Traduit pour la première fois en français, Toujours le nord révèle la voix singulière de Vicki Jarrett, qui apporte un souffle résolument neuf à la science-fiction contemporaine.
Dans ce récit post-apocalyptique aux accents de thriller, l’autrice déploie une imagination saisissante et une maîtrise narrative rare, construisant une histoire où chaque page questionne notre rapport fragile au monde, à l’environnement et au temps qui nous façonne.
2045. Le climat s’est effondré. L’humanité, réduite à survivre dans des camps précaires, tente de se souvenir d’un passé englouti.
Isobel, ancienne ingénieure réfugiée dans les brumes des Highlands, reçoit une mission étrange :
plonger dans les méandres de sa mémoire, revivre un voyage oublié, celui d’une expédition à bord d’un navire de recherche pétrolière perdu dans l’immensité glacée de l’Arctique.
Mais ce retour aux confins du souvenir permettra-t-il de comprendre ce qui, vingt ans plus tôt, a précipité la chute ? Ou révélera-t-il un tout autre secret, enfoui dans les glaces comme dans le cœur des hommes ?
Dans la lignée de Margaret Atwood et Ursula K. Le Guin, Vicki Jarrett tisse avec Toujours le nord un récit à la fois visionnaire et profondément intime, où s’entrelacent effondrement climatique, vertige du temps et quête intérieure. Ce roman d’une rare profondeur, traversé d’un humour discret et d’une humanité touchante, captive par son intensité et son immersion totale. Ici, le climat et la nature ne sont pas de simples décors, mais de véritables acteurs du récit, façonnant l’histoire et les destins. La force de ce roman réside dans sa capacité à conjuguer action, réflexion sur l’effondrement écologique et exploration psychologique des personnages, offrant au lecteur une expérience qui le confronte à l’immensité glaciale du monde et aux questions urgentes que pose notre avenir.
Notre‑Dame des Loups d’Adrien Tomas : quand le western rencontre le fantastique
Dans Notre‑Dame des Loups, Adrien Tomas nous entraîne en 1868 dans un Ouest américain gelé, où la neige recouvre des forêts immenses et des plaines désertes. Ici, la nature n’est pas seulement un décor : elle devient personnage, imposante et menaçante, reflètant la solitude et la fragilité des hommes face à l’inconnu.
Le roman suit les Veneurs, une troupe de chasseurs armés de munitions en argent, chargés de traquer la mystérieuse Dame des Loups et ses créatures surnaturelles. À travers le point de vue de différents membres de l’expédition, l’auteur explore non seulement la tension de la chasse, mais aussi le prix psychologique de cette lutte implacable. La peur, la loyauté, la vengeance et la culpabilité se mêlent au rythme des traques et aux fracas des batailles.
Ce qui distingue Notre‑Dame des Loups, c’est son audacieux mélange de genres : le souffle et l’immensité du western se mêlent à l’horreur et à la magie du fantastique, créant un récit à la fois intense et envoûtant. L’histoire se déploie dans une atmosphère glaciale où chaque cri dans la nuit et chaque lueur de feu deviennent autant de menaces, tandis qu’Adrien Tomas confère à ses personnages une réelle profondeur, véritables lueurs dans l’obscurité.
Court mais puissant, ce roman séduit par son univers cohérent et original, où la chasse prend des allures presque religieuses et où la frontière entre l’homme et la bête se brouille. Pour les amateurs de fantastique et de western revisité, cette lecture immersive mêle habilement froid, peur et aventure, captivant dès les premières pages !
Les Montagnes hallucinées : un voyage au bout du blanc avec HP Lovecraft
Paru en 1936, Les Montagnes hallucinées (At the Mountains of Madness) demeure l’un des récits les plus vertigineux de Howard Phillips Lovecraft. Ce roman court, souvent considéré comme le cœur du « mythe de Cthulhu », condense toute la vision du monde de l’auteur : la fascination pour l’inconnu, la terreur cosmique, et la conviction tragique que la connaissance conduit à la folie.
Tout commence par une expédition scientifique en Antarctique. Les savants de l’Université de Miskatonic, institution fictive devenue mythique, s’aventurent dans un désert de glace encore inexploré, un territoire où le silence est si profond qu’il semble absorber toute présence humaine. Dans ce paysage absolu, l’homme apparaît minuscule et fragile, déplacé au milieu de la blancheur infinie. La neige y est à la fois pure et menaçante, miroir d’une immensité qui efface toute trace de civilisation, où chaque souffle de vent rappelle la fragilité de l’existence.
Au cœur des entrailles glacées de la montagne, les explorateurs découvrent les vestiges d’une civilisation non humaine, dont la science et l’art surpassent tout ce que l’humanité peut concevoir. Ces découvertes fascinent autant qu’elles effraient, ouvrant un abîme d’interrogations sur l’origine et la place de l’homme dans l’univers.
Mais sous cette blancheur immaculée s’étend une autre réalité, plus terrible encore : des montagnes noires, plus hautes que l’Himalaya, dressant leurs sommets déchiquetés comme les ruines d’un monde antédiluvien. C’est dans ce décor que Lovecraft déploie toute sa puissance évocatrice : la beauté glacée se mue en horreur et chaque relief, chaque crevasse, chaque ombre semble receler un secret indicible. L’Antarctique n’est plus seulement un lieu physique, mais un territoire de l’esprit où l’infini et l’inconnu convergent pour défier la raison.
Plus qu’un roman d’aventures, Les Montagnes hallucinées sont une véritable méditation sur la peur et le vertige de l’inconnu, où l’homme n’est qu’un passager fragile dans un monde où la glace et l’indifférence règnent en maîtres.






