» Quand les elfes, héros d’hier, deviennent les tyrans d’aujourd’hui, la résistance est l’unique choix face à l’oppression. »
À l’occasion de la sortie de Le lanternier, Pierre Grimbert nous partage quelques réflexions sur l’écriture de ce roman qui s’inscrit dans l’univers du jeu de rôle Pax Elfica.
Pax Elfica – Le lanternier sort prochainement. Quelle a été l’idée à l’origine de ce roman ? Comment avez-vous décidé de plonger à votre tour dans cet univers de jeu de rôle créé par Claude Guéant ?
C’est Frédéric Weil, directeur éditorial des éditions Mnémos, qui m’a invité à découvrir l’univers de Pax Elfica, en évoquant la possibilité d’y développer un roman. J’ai été très vite conquis par l’ambiance et les secrets entourant la cité de Brenhaven, et dès lors j’étais enthousiaste à l’idée d’y plonger pour de bon, le temps d’un récit à partager avec les lecteurs de tous horizons.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ?
Pax Elfica – Le lanternier se situe dans un univers de fantasy riche de magie et de créatures fantastiques. L’action se situe principalement autour d’une ville d’inspiration médiévale, qui a échappé à la tyrannie d’un Nécromant par l’arrivée d’une armée d’elfes venus à son secours. Mais suite à la croissance soudaine d’une forêt au cœur même de cette cité, ces elfes ne sont jamais repartis, devenant même les nouveaux oppresseurs de la population. Beaucoup de mystères entourent ces événements, et ceux qui cherchent à les percer doivent agir dans l’ombre et la clandestinité.
Votre roman suit les aventures de Tolan, un nain, lanternier de profession, de sa femme Galaë et de leur protégé le jeune Veric. Pouvez-vous nous parler d’eux ? Comment les avez-vous créé ?
Tolan et Galaë sont des citoyens sans histoires, s’efforçant seulement de mener une vie tranquille, malgré l’oppression elfique. Ce sont les circonstances qui vont les pousser à sortir de leur confort, à se surpasser, à accomplir des actes parfois héroïques, alors que rien ne les prédisposait à cela. Pour lutter contre des tyrans, il me semblait important d’utiliser des gens ordinaires, plutôt que des aventuriers expérimentés. Leur motivation est ainsi évidente, et leurs actes beaucoup plus méritants.
C’est différent pour Veric, dont le profil semble aussi anodin, mais qui se révèle plus complexe. C’est un adolescent qui se cherche, dans un univers où les apparences sont parfois trompeuses, où tout n’est pas simplement blanc ou noir, et où chaque mystère enfin percé en révèle souvent bien d’autres.
L’univers de Pax Elfica est une sorte de transposition d’une partie de notre histoire moderne dans un univers de fantasy. Ce procédé permet-il de parler avec plus de facilité de certains sujets ou au contraire cela implique-t-il de faire très attention ?
Je ne me suis pas imposé de limite dans l’écriture, mon propos étant avant tout celui du divertissement. Ce qui n’empêche pas, bien sûr, d’évoquer des sujets tels que l’abus de pouvoir, l’injustice sociale ou la vanité de la guerre ; et si ça participe à la réflexion générale de l’humanité, tant mieux. Mais Le lanternier est avant tout un voyage dans un univers imaginaire, en compagnie d’une poignée de personnages qui le sont tout autant.
Quand vous avez écrit Pax Elfica – Le lanternier, avez-vous travaillé en collaboration avec Claude Guéant ou étiez-vous seul à la barre ?
Tout cela s’est déroulé avec une merveilleuse facilité, de mon point de vue. J’ai d’abord fait valider les grandes lignes de mon synopsis par les auteurs de l’univers, pour vérifier la cohérence avec tout ce qu’ils avaient déjà mis en place. Puis j’ai soumis un premier chapitre, puis une demi-douzaine d’autres, et devant ces feux verts successifs j’ai pu écrire le reste du roman de manière autonome. J’étais très heureux de la validation finale, les changements à apporter étant infimes.
D’ailleurs… Écrire à partir d’un univers existant tout en le renouvelant doit induire certaines contraintes. Quelles sont-elles ?
La première contrainte, évidente, était de respecter ce qui avait déjà été écrit, aussi bien dans les détails que dans l’ambiance. La deuxième était de pas divulgâcher les différentes intrigues du jeu de rôles. Dès le début aussi, je me suis moi-même imposé d’ouvrir ce récit au plus large public possible. Je souhaitais qu’il puisse intéresser les anciens joueurs de la campagne, même s’ils avaient déjà percé tous les mystères entourant Brenhaven. Je voulais aussi offrir un tremplin aux nouveaux joueurs, leur permettant de découvrir le lieu de leurs futures aventures, sans brader les surprises qui les attendent. Enfin, je tenais à ce que n’importe quel amateur de fantasy puisse embarquer dans ce voyage sans connaissance préalable de l’univers de Pax Elfica. J’ai donc imaginé une intrigue parallèle à toutes celles déjà en place, s’intégrant dans le décor sans l’altérer. Le lanternier est ainsi un roman à part entière, dont la lecture ne nécessite aucun pré-requis – mais bien sûr j’invite chacun à se faire convier à une table de jdr pour découvrir toute la profondeur des intrigues originelles.
Qu’est-ce qui vous a le plus plu dans ce projet ?
Beaucoup de choses, parmi lesquelles le défi que cela représentait de m’inscrire dans un univers que je n’avais pas conçu, et d’en conserver l’esprit tout en y ajoutant mon bagage imaginaire. Cela m’a aussi permis de renouer avec le jdr, et de me souvenir que c’est bien par ce biais que j’étais venu à l’écriture. Enfin je me suis pris d’affection pour mes personnages, et j’aime l’idée qu’ils seront peut-être réutilisés comme figurants dans l’une ou l’autre campagne de jeu… Je ne manquerai pas moi-même une occasion de retourner à Brenhaven, et j’espère que les lecteurs apprécieront ce voyage dans Pax Elfica : Le lanternier.