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En octobre, découvrez le nouveau roman évènement de Jean-Marc Ligny, EcoWarriors !

Formidable décodeur de notre monde contemporain, Jean-Marc Ligny signe avec EcoWarriors, une fiction spéculative écologique coup de poing !

EcoWarriors, votre nouveau roman, sort le 9 octobre prochain chez Mu. Vous revenez ici sur un sujet qui vous tient à cœur et qui fait de vous l’un des plus grands écrivains de climat-fiction actuel. Avant d’évoquer la genèse de ce roman, pourriez-vous nous en dire quelques mots ?

EcoWarriors narre en gros la radicalisation d’un groupe d’écolos qui n’hésitent plus à frapper les têtes de l’hydre au pouvoir, en attaquant et rançonnant les chefs d’entreprises responsables de la destruction actuelle de la planète et du tissu social, tout en sabotant leurs moyens de production. Un pas qui est en passe d’être franchi dans les luttes et résistances d’aujourd’hui, en proie à une répression démesurée qui ne peut mener qu’à une radicalisation extrême.

Pouvez-vous nous dire un peu plus sur son intrigue ?

C’est l’association inédite d’écologistes radicaux avec de jeunes caïds de banlieue, suite à la mort du père de l’un d’eux dans l’explosion de l’usine pétrochimique où il travaille. Les caïds sont motivés par la vengeance et l’extorsion de fonds, les écolos par faire payer les pollueurs et financer la Cause de la Terre. Sous-tendue par une histoire d’amour passionnelle entre Malik, le caïd, et Fiora, l’écolo, cette union accomplira des coups d’éclat mais aura du mal à se maintenir, tant à cause d’intérêts divergents que de la traque impitoyable des forces de l’ordre.

Fiora et Malik, les deux héros principaux de ce roman, sont pour la première, une militante et activiste écologique, et pour le second, une petite frappe de banlieue, un délinquant pas bien méchant. Pourtant, d’un drame, d’un objectif commun et d’une passion naissante, ils vont créer avec d’autres ce groupe « éco-terroriste ». Ce terme revient souvent dans notre actualité, qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur ce sujet ?

Eh bien, l’actualité, justement. Je ne suis pas très militant et j’ai passé l’âge d’aller me castagner dans les manifs, donc c’est un peu ma contribution à la Cause de la Terre, comme dit Fiora. Après avoir décrit dans mes précédents romans les effets, disons « sociétaux », du changement climatique à court, moyen et long terme, j’ai eu envie de revenir au présent, aux luttes engagées contre ce système délétère et mortifère, aux moyens d’aller plus loin et aux risques que cela comporte évidemment. On n’entre pas dans la clandestinité comme dans un chat sur TikTok. Ceci dit, ce terme d’écoterrorisme est une insulte et un non-sens : un terroriste frappe au hasard des cibles innocentes. Mes EcoWarriors sont plutôt des « écorésistants » qui visent des cibles précises et s’efforcent de ne tuer personne.

En utilisant la fiction spéculative dans une époque très proche de la nôtre, vous avez sans doute voulu créer une atmosphère plus en adéquation avec les questions prégnantes de l’écologie, de sa criminalisation et, de fait, d’une forme de radicalisation encore larvaire. Peut-on parler ici d’un roman sur les origines de la violence ?

On peut parler ici d’un roman sur les causes de la violence : comment elle naît et ce qui la motive. Malik et Fiora ont tous deux une très bonne raison de s’engager à fond, de combattre un système écrasant et tout-puissant avec des moyens somme toute dérisoires (quoique futés). Les jeunes d’aujourd’hui se rendent parfaitement compte que ce monde court à sa perte et que leur avenir n’est pas du tout assuré. Ils luttent pour leur survie à court terme, et plus seulement pour un meilleur salaire ou une meilleure retraite. Quand la vie elle-même est en jeu, forcément la lutte devient plus âpre. Le temps des pétitions, sit-in et autres manifs joyeuses et festives est révolu. J’évoque dans ce roman ce qui ne manquera pas de se produire – ce qui se produit déjà. C’est désormais le temps des sabotages, kidnappings, vols, voire meurtres. Méthodes, du reste, déjà employées par les prédateurs dans de nombreux pays.

Problèmes industriels, écologiques, de société… L’intrigue d’EcoWarriors s’ancre dans notre réel avec des lieux et des entités existantes. Avez-vous du faire beaucoup de recherches ? Comment avez-vous travaillé ?

La fiction – notamment la science-fiction, ainsi que le polar et le thriller, dans une certaine mesure – est une littérature qui traite des sociétés, présentes ou futures, terrestres ou extraterrestres. Cela implique donc que l’on analyse la société dans laquelle se déroule l’histoire, qu’elle soit existante ou inventée. Il faut que tout soit logique, solide et étayé, surtout – dans le cas d’EcoWarriors – quand il s’agit du monde actuel. Plus la base est réelle ou réaliste, plus le roman est crédible. Alors oui, ça implique beaucoup de recherches. Des heures de lectures de bouquins pas toujours marrants et de fouilles sur Internet. J’ai d’ailleurs mis une bibliographie à la fin, pour les lecteurs qui auraient envie d’explorer plus à fond ce sujet brûlant.

Avant de conclure cette interview, on pourrait dire, après avoir lu EcoWarriors, que l’avenir est une page blanche qu’il appartient aux citoyens d’écrire. Donner des arguments pour dessiner un avenir plus serein que celui décrit dans vos ouvrages, est-ce votre objectif ?

Hélas, je ne vois pas d’avenir plus serein, du moins pas à court terme. Ce système va s’effondrer car il n’est plus viable, c’est pour moi une certitude, et ça ne va pas se faire en douceur. Les prédateurs vont résister de toutes leurs forces et piller les dernières ressources pour le faire perdurer autant que possible. Ceci dit, il existe une société alternative qui germe un peu partout. On commence à avoir une idée claire de ce que pourrait être « le monde d’après » : plus sobre, plus résilient, plus harmonieux, plus respectueux de la nature et de la biodiversité. Je l’évoque également dans EcoWarriors. Mais ce monde-là ne va pas se mettre en place dès demain. Il faudra encore quelques années – ou décennies – de luttes et de souffrance, durant lesquelles les prédateurs peuvent provoquer bien des dégâts, avant de se retirer, repus et satisfaits, dans les enclaves sécurisées qu’ils se préparent déjà – si elles n’ont pas été pillées et détruites d’ici là.

Pour aller plus loin, rencontrez, mardi 8 octobre dès 19h30, Jean-Marc Ligny à la librairie Le Nuage Vert pour une table ronde autour de l’écologie : Comment se faire entendre quand personne n’écoute ?
Cette rencontre aura lieu en compagnie de Valérie Maréchal, éditrice aux Editions Belfond, et d’Erwan Perchoc, traducteur, qui parleront de leur côté du roman d’Annie Francé-Harrar, Les Âmes de feu.

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