Le 15 mai, découvrez Les Fourneaux de Crachemort, le nouveau roman de Raphaël Bardas, et partez sur les routes vivre une aventure trépidante de food truck fantasy !
Les Fourneaux de Crachemort, votre nouveau roman, sort prochainement. Comment celui-ci est-il né ?
Je ne sais plus précisément d’où m’est venue l’idée de ce roman. En fait, j’avais envie de continuer à explorer mon univers de fantasy à travers une approche différente, avec des personnages plus frais, moins désespérants aussi. Cela tout en plaçant le plaisir comme approche centrale. Plutôt que de faire de la guerre, de la vengeance ou de je ne sais quelle tentative d’hériter d’un patrimoine quelconque, le moteur de mon histoire, je voulais faire de la quête du bien vivre, du plaisir, celui qu’on reçoit mais aussi celui qu’on donne, ce qui enverrait mes personnages sur les routes.
Je ne savais pas trop par où commencer, puis j’ai pris conscience de ma passion pour les festivals, les food trucks et toute l’excellente et souvent surprenante bouffe de rue qu’on peut ingurgiter quand on les fréquente. Je me suis demandé ce que cela donnerait dans un univers de fantasy, et paf.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue, dite de food-truck fantasy ?
Marcello, le plus âgé de mes personnages est passionné de cuisine. Enfin, avant tout, il adore manger, et il s’est donné les moyens d’apprendre à se préparer de bons petits plats. Comme lui et ses amis se retrouvent obligés de quitter la ville où ils ont grandi (pour fuir, en gros, des obligations familiales, la milice, la pègre… qui pour de mystérieuses raisons leur tombent toutes dessus au même moment), il les invite à se cacher dans une roulotte à fourneaux, tractée par un mégalodonte nain (lui-même très gourmand).
C’est ainsi qu’ils se retrouvent sur les routes et qu’ils tentent de mettre le plus de distance possible entre eux et Brillanza, leur ville d’origine. Sans trop en dévoiler sur l’intrigue de fond, disons qu’ils vont aller de marchés en foires, inventer des recettes de tartes et de saucisses, et les tester à tout va, enchaîner les péripéties, rencontrant ainsi des faunes vignerons, des « blaireaux » mélomanes joueurs de scie musicale, des chasseurs de méduses, des petits singes qui savent profiter de la vie (ou de la mort, c’est une question de point de vue), des strégoïkas pyromanes, et bien d’autres choses encore. Il se trouve aussi qu’au gré de leurs pérégrinations, ils découvriront que des objets qu’ils ont volés lors d’une virée sur les toits de Brillanza se révèlent avoir des pouvoirs, et même des personnalités. J’espère que vous saurez apprécier Pipistrelle, l’épée non violente, ou Fastidioso, le masque « qui dit non ».
Après les fameux Chevaliers du Tintamarre, vous vous attachez à nouveau à des personnages hauts en couleurs. Qui sont-ils ? Comment les avez-vous créé ?
Je voulais des personnages bons vivants, qui incarneraient aussi divers archétypes propres à la fantasy (la guerrière, la magicienne, le voleur, le marchand, en quelque sorte), mais qui s’affranchiraient aussi, et c’est très important, des stéréotypes (de goûts, de genre, d’origine ethnique et sociale) pour mieux nous dire que ce qui est important, c’est de kiffer, qu’on préfère la fraise ou le chocolat. C’est en croisant ces traits avec certaines règles et personnages du théâtre que j’ai créé mes héroïnes et mes héros, et les ai ensuite « jumelés » avec les artefacts magiques qu’ils volent au début du roman. Mais j’en dis déjà trop là.
En gros, nous avons Catane, « fille de », impétueuse, drôle et bagarreuse. Il y a aussi son demi-frère Fauve, plus âgé, plus sombre, non reconnu par son célèbre père et qui en souffre terriblement. Mwandishé, elle, est la plus cultivée, la plus expérimentée aussi. Elle écrit, elle étudie, et espère rédiger un jour un traité d’érotomancie. Tout comme Marcello, elle sait mettre la main à la pâte. Et Marcello donc, eh bien, ce n’est ni le plus beau parleur, ni le meilleur acteur de la troupe. S’il passe parfois un peu pour un benêt, c’est surtout parce qu’il préfère ne pas se précipiter pour répondre. Disons qu’il est plutôt bonne pâte (ce qui est souvent pratique pour un gars qui fait des tartes), et que s’il n’hésite pas à remonter ses manches pour aider ses amis à repousser l’adversité, il préfère toujours le faire pour emboutir des saucisses.
Vos héros, malgré leur bonne humeur, ont un potentiel très intéressant pour s’attirer des ennuis… Ce côté « bras cassés » est-il votre marque de fabrique ? Vous sentez-vous plus proche de l’un d’eux ?
Il est possible que les « bras cassés » soient ma marque de fabrique. J’aime bien que mes personnages soient des gens assez ordinaires, plus définis par ce qu’ils aiment que par leur capacité à sauver le monde. J’aime aussi qu’ils aient des failles, ça m’aide à mieux croire en eux, et à mieux trouver pourquoi ils font les choses.
Aussi, avec mes « anciens » personnages (les chevaliers du Tintamarre donc), je voulais jouer avec certaines représentations du héros viril, en rire un peu en somme pour remettre en question ces modèles (ce qui ne m’empêche pas de les adorer hein, ces personnages, seulement je ne partirai pas en vacances avec eux…). La troupe des Fourneaux est différente, ils sont plus malins, ils subissent moins… mais effectivement, ils sont un peu poissards.
Je crois que j’aimerais être aussi flamboyant et beau parleur que Catane. Mais en réalité, je pense que je tiens plus d’un croisement entre Mwandishé et Marcello, à intellectualiser mon bonheur tout en faisant revenir des poivrons dans l’huile d’olive et le cumin en sirotant un petit verre de Riberra del Duero.
Avec Les Fourneaux de Crachemort, aviez-vous envie de traiter de sujets qui vous tiennent à cœur ? Ou tout simplement de mélanger tout ce que vous aimez ?
Un peu de tout cela ! J’ai dédié ce livre à mes fils, car il parle d’une certaine façon d’échapper au poids du passé, à nos héritages involontaires, et de croire en l’art sous toutes ses formes, comme moteur de résilience. Mais encore une fois, je préfère éviter d’en dire trop. Il est avant tout question de s’en payer une bonne tranche.
Avez-vous eu des sources d’inspirations en particulier ? Je pense notamment au côté « comédiens itinérants ».
J’ai beaucoup écouté le groupe « La Caravane passe », pendant la maturation de ce livre. C’est un groupe qui parle beaucoup de voyage, d’esprit tzigane, d’art itinérant et de fête.
J’ai relu quelques textes de théâtre (Goldoni, Corneille, Molière) pour retrouver une certaine écriture, un rythme, une tonalité. Mais rassurez-vous, vous n’aurez pas l’impression de passer à nouveau votre bac de Français (rires).
Et comme toujours quand j’écris, j’ai cuisiné, et bu, des trucs en rapport avec ce que j’écrivais ! J’ai testé toutes les recettes inventées par Marcello et Mwandishé dans Les Fourneaux de Crachemort. Une fois, ça m’a même rendu malade !
Trois mots pour la fin ?
Food, truck, fantasy ! (rires)