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Aliette de Bodard nous parle de Serviteur des enfers

A l’occasion de la sortie prochaine de Serviteur des enfers, Aliette de Bodard nous dévoile quelques secrets d’écriture.

Serviteur des enfers sort prochainement. Comment ce roman est-il né ? Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à l’une des plus puissantes civilisations précolombiennes, celle des Aztèques ?

Il s’agit de mon premier roman : j’avais pris pour base une nouvelle que j’avais écrite, « Obsidian Shards », et je l’avais transformée en roman. J’ai écrit la première partie lors du NaNoWriMo (50,000 mots en 30 jours, je crois bien qu’il y a eu un jour où j’ai écrit 10,000 mots en une seule session, ce qui relève de l’exploit !).

Comment avez-vous créé votre univers ? Avez-vous cherché à être proche de la réalité historique ou, au contraire, vous êtes-vous laissé de la liberté ?

Quand je crée un univers, je commence par une phase de recherche très importante où je lis beaucoup de non-fiction, pour avoir une base sur laquelle je peux enraciner les personnages et l’intrigue : pour moi, c’est le milieu dans lequel évoluent les personnages qui conditionne à la fois leurs attentes et leurs actions, et il est donc très important pour moi de connaître en amont les caractéristiques de l’univers.

Comment avez-vous travaillé ?

Je fais toujours beaucoup de recherches ! J’ai commencé par lire beaucoup de livres et à prendre beaucoup de notes, à la fois sur la ville de Tenochtitlan en elle-même ainsi que sur les personnages. La plus grande difficulté était d’arrêter la phase de recherche, en fait, j’ai toujours l’impression qu’un livre de plus ne peut pas faire de mal (mais en fait cela crée un cercle vicieux où je retarde toujours l’écriture du premier jet).

L’intrigue suit Acatl, Grand Prêtre des Morts, dans une aventure qui l’amènera à côtoyer des dieux et des créatures aux pouvoirs et à la force terrifiante. Qui est-il ?

Acatl était ma version de Frère Cadfael, un enquêteur qui m’a beaucoup marqué lorsque j’étais adolescente, d’une part pour l’univers construit par Ellis Peter, et d’autre part parce que son attitude mentale était très clairement différente de celle du XXième siècle mais parfaitement logique compte tenu du contexte. Je voulais avoir le même genre de personnage : un religieux mal intégré dans la prêtrise qui se retrouve malgré lui dans des intrigues policières et de cour.

14 ans après la sortie en VO de votre roman, pensez-vous que notre vision de cette culture a évolué ?Que ses représentations en littérature ont changé ?

Je pense qu’il y a beaucoup plus de représentation des peoples autochtones d’Amérique depuis quelques années : je pense aux romans de Stephen Graham Jones, de Rebecca Roanhorse, Darcie Little Badger, Daniel H Wilson, Moniquill Blackgoose qui touchent des thématiques et publics variés (Graham Jones plus dans l’horreur, Rebecca Roanhorse dans la fantasy). Pour autant, il reste encore beaucoup de chemin à faire pour changer notre vision de ces cultures.

Serviteur des enfers mélange avec brio histoire, fantastique, mais également polar. Était-ce un défi de concilier ces trois aspects ?

Pour moi c’était assez naturel dans la mesure où mon modèle était le roman policier historique (un de mes types de lecture préférées), et dans la mesure où pour les gens comme Acatl les dieux ne sont pas des abstractions ou des croyances dépassées, mais bien des personnes réelles avec un impact fort sur le monde.

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