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Fabien Cerutti nous parle de Terra Humanis

À l’occasion de la sortie prochaine de Terra Humanis, Fabien Cerutti revient sur l’écriture de ce nouveau roman, qui cette fois-ci explore notre futur.

Après un premier cycle de fantasy historique, Le Bâtard de Kosigan, vous voici de retour, dans le futur, avec Terra Humanis, un roman d’anticipation.
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur les jours à venir de l’humanité ?

Cela peut paraître stupide, mais c’est le constat que le monde glisse vers la catastrophe, particulièrement en matière de dérèglement climatique. Je ne suis évidemment pas spécialiste, mais j’ai depuis longtemps en tête des analyses et des pistes de solutions que je souhaitais partager. Et comme la seule chose que je peux faire pour cela est d’écrire un roman, c’est ce que j’ai fait.

Dans cette optique, je trouve les dystopies intéressantes, mais elles poussent à désespérer et à se dire « après moi le déluge », ou bien à renoncer face à l’ampleur de la tâche. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu tenter l’option réenchantement de notre XXIème siècle à travers une utopie. Mais rassurez-vous, il s’agit d’une utopie pleine de rebondissements.

Que vouliez-vous aborder avec ce texte ? Une manière de réinventer notre futur, de pousser les lecteurs à réfléchir à des solutions réalisables pour changer le cours des choses… ?

Oui, c’est cela.
Les thématiques sont nombreuses. La principale tourne autour de la transition écologique, peut-on encore espérer ? Comment faire pour fédérer, pour contourner les obstacles ? La plupart des solutions envisagées dans les médias actuels sont individuelles, locales ou violentes (et les deux premières sont importantes). Mais dans ce livre, j’ai voulu creuser le niveau global, des initiatives planétaires avec une cheffe d’orchestre, et tout faire pour que cela fonctionne.
Cela me parait essentiel, car notre seule chance passe par la possibilité de convaincre une grande partie des êtres humains d’agir ensemble.
En définitive, seul le mariage contre-nature de la peur, de l’espoir et de l’ingéniosité, peut donner à l’humanité la force suffisante pour agir à temps et éviter le pire. Cela dit, c’est déjà difficile dans ce roman, alors dans la réalité, c’est loin d’être gagné.
Mais on peut au moins essayer, n’est-ce pas ?

Par ailleurs, au-delà de la question écologique, Terra Humanis développe également d’autres thématiques intéressantes, autour de la gestion de la pauvreté, de la guerre, des ressources naturelles, des aléas de l’histoire, etc.

Pour porter ce futur, votre héroïne sera bien entourée. Et heureusement, au vu de la tâche à accomplir !
Comment avez-vous créé ce groupe ?

L’aspect romanesque est loin d’être en reste. Le lecteur emboîte le pas d’une jeune femme douée, volontaire et pleine d’esprit, au cours de sa jeunesse étudiante, puis tout au long de sa carrière tumultueuse. Elle est accompagnée de l’amour de sa vie et de quelques amis, qui ne sont pas toujours d’accord entre eux, mais qui vont parvenir à changer la donne. Monter un parti politique planétaire (Terra Humanis), faire face à des oppositions violentes venues des grands de ce monde, de la rue, des lobbies, trouver une voie viable, fédérer, voilà les défis qu’ils doivent relever, tout en menant leur vie privée de leur mieux en parallèle.
Une utopie, certes, mais qui porte en elle une bonne poignée d’arcs de tensions et d’intrigues.

L’idée de la réussite de Terra Humanis se base sur les réseaux et l’influence. Rébecca est en doctorat au début du roman, et plutôt que d’en faire une jeune fille issue d’une famille puissante, j’ai trouvé intéressant qu’elle s’appuie sur ses amitiés d’étudiante. Comme elle est installée à la cité universitaire internationale de Paris, elle côtoie des fils et des filles de ministres, de présidents, de capitaines d’entreprise, de financiers, venus du monde entier. C’est le point de départ d’un mouvement qui va s’implanter dans tous les pays et devenir planétaire.

Dans votre roman, Rébecca et ses proches proposent différentes solutions pour faire évoluer l’humanité vers une issue positive.
Comment avez-vous travaillé pour mettre en œuvre ces idées dans votre roman ?

À titre personnel, j’ai toujours eu un faible pour l’actualité scientifique, en amateur éclairé. Pour ce qui est du roman, Terra Humanis se décompose en trois étapes chronologiques : une anticipation proche (d’ici à 2050, environ), dans laquelle la quasi-totalité des solutions recherchées par les protagonistes est envisageable ; une anticipation lointaine (entre 2050 et 2090 environ), où j’imagine des prolongements et où j’invente de nouvelles technologies ; et une dernière partie de science-fiction (après 2100), avec des extrapolations majeures dans le domaine spatial.
J’ai beaucoup fouiné à droite à gauche, mais je n’ai pas collaboré avec des scientifiques du GIEC. En revanche, j’ai éclusé un grand nombre d’interviews et de parutions scientifiques, et j’ai tenté d’en réaliser ma propre synthèse, romancée, évidemment.

Un petit mot pour la fin. Que retirez-vous de cette nouvelle expérience d’écriture ?

Très satisfait de l’avoir fait et d’avoir surmonté les obstacles ! C’était d’une rare complexité d’équilibrer l’aspect romanesque – avec des lignes d’intrigues privées et politiques, de la tension et de l’action, sur plus d’un siècle – et le côté essai, avec un parti-pris et des idées susceptibles d’avoir de l’impact. Le tout en moins de 300 pages et sans écrire trois tomes (ce qui aurait repoussé la publication de ce récit et la mise en lumière de solutions qui me tiennent à cœur depuis longtemps).
J’ai le sentiment d’avoir fait ma part, d’avoir essayé au moins, et d’avoir proposé un futur où l’humanité prendrait enfin ses responsabilités pour vivre en harmonie.

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Fabien Cerutti

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