Le 21 août, nous assisterons au retour de votre héros, le fameux chef mercenaire, le Bâtard de Kosigan !
Comment ses aventures ont-elles débuté ?
Le chevalier dont le nom de guerre est « Le Bâtard de Kosigan », est né en 2003 sous forme numérique. Ce condottiere bourguignon de sombre réputation, ayant du sang ancien dans les veines, un humour acerbe et une morale à géométrie variable, a d’abord été le personnage principal d’une série de six scénarios que j’ai réalisé pour le jeu PC Neverwinter nights.
Le succès a été au rendez-vous, y compris pour le version anglaise.
Mais au bout d’un certain temps, aux alentours de 2009-2010, l’obsolescence du jeu a posé le problème de la survie du personnage. Et c’est la forme romanesque qui l’a emporté. Le premier tome publié en 2014 chez Mnémos a reçu le Prix Imaginale des Lycéens et le Prix Révélation des Futuriales. Le tome 4, paru en 2018 a été lauréat du GpP de Bookenstock. La série dans son ensemble est classée dans les coups de cœur des Bibliothèques de Paris et l’histoire, on peut l’espérer, ne fait que commencer.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce qui attend Pierre Cordwain de Kosigan, alias le Bâtard ?
Eh bien, l’histoire de ce nouveau roman est totalement indépendante de celle du premier cycle. Je reprends ici l’intrigue du tout premier scénario sous forme numérique qui s’intitulait « Retour à Kosigan ». C’est l’histoire d’un capitaine de mercenaires, exilé de son comté natal, qui prend le risque de revenir chez lui après des années de combat, au moment où se joue la succession du domaine.
Vu les difficultés auxquelles il va se trouver confronté, s’exposer au danger n’était pas forcément la meilleure idée qu’il ait eue. Amour d’enfance, rancœurs, quiproquo, trahison, poison, mensonges, ambition, pouvoirs anciens, Inquisition, le tout sur fond de guerre entre le Royaume de France, l’Angleterre et le duché de Bourgogne.
Mais, en cette année 1365, le Bâtard n’est pas le seul personnage principal de l’histoire. Dùnevia Illavaëlle, dites Dùn, une changesang italienne capable de courber la lumière pour modifier son apparence lui dispute la vedette. Elle bataille dans le comté voisin pour démêler les fils d’une manipulation visant les principaux fiefs bourguignons, et se retrouve confrontée à des clans de dévoreurs de chair ainsi qu’à un dragon aux écailles usées par le temps.
Le livre s’intitule « Un printemps de sang » et n’aura que peu de chose à voir avec un conte de fées…
Le Moyen-Âge que vous mettez en scène est subtilement différent du nôtre. Dans cette vision de notre Histoire, les créatures merveilleuses et la magie existent.
Pourquoi ce choix ? Qu’apporte ce mélange entre fiction et réalité ?
Sous des abords de série d’aventure et de divertissement (ce qu’elle est au premier titre), Le Bâtard de Kosigan, explore les rapports complexe entre réalité et histoire. Qui construit l’histoire ? Peut-on la déformer, la façonner, la réécrire ? Comment, dans quelles conditions et dans quelles circonstances ?
La question du surnaturel, historiquement parlant, a représenté pendant des millénaires une réalité que personne ne remettait en question. Du plus humble cultivateur jusqu’aux rois et aux papes, tout le monde croyait dur comme fer aux pouvoirs magiques et à l’existence de créatures aujourd’hui légendaires. Charlemagne, Philippe Auguste, des archevêques et des papes trop nombreux pour les compter ont légiféré sur la magie, établissant des règles, des interdits et des peines spécifiques aux pratiquants des thaumaturgies anciennes. Tous les gens du peuple possèdent des colliers porte bonheur, essaient de se procurer des reliques, pratiquent des sacrifices pour protéger les récoltes ou faire venir la pluie…
Tout cela pour dire que les sociétés médiévales ont un lien fort avec le surnaturel. Un lien que notre rationalité nous pousse à minimiser, voire à mépriser.
Le principe de la série est donc d’envisager que tout cela ait bel et bien existé, les elfes, les dragons, la sorcellerie… Mais que progressivement les éléments féériques ont disparu, les peuples anciens ont été vaincus, exterminés, et que ce qui était réel a peu à peu basculé dans le domaine des légendes.
Derrière cette évolution, d’autres questions se posent, celles de l’altérité, des confrontations sociales et culturelles, celles des massacres, celles des génocides…
Le tout, toujours dans ce qui reste avant tout une littérature d’aventure et de divertissement.
Pourquoi choisir un héros bourguignon ? Est-ce que cela signifie quelque chose de spécial à cette époque ?
Rien qui transparaisse dans les intrigues à proprement parler, mais oui, il y a plusieurs raisons pour lesquelles j’ai choisi un héros bourguignon.
La première est très autocentrée, je le crains, puisque ma famille est tout simplement originaire de cette région… De Gray, précisément.
Mais la Bourgogne, représente aussi le reflet de ce qui a été puissant et est tombé dans l’oubli. Ce qui fait écho au thème concernant la magie et le surnaturel.
Et puis, la Bourgogne est à la France ce que l’Écosse est à l’Angleterre : un domaine assoiffé d’indépendance qui se bat pour son autonomie mais se voit finalement vaincu par le Royaume dominant. Cela véhicule une image de liberté et de résistance qui me plait assez.
Concernant votre rapport à l’histoire, votre œuvre s’inscrit dans la lignée de la fantasy historique, avec des personnages qui ont vraiment vécu. Comment faites-vous vos recherches, vous qui êtes également professeur d’histoire ?
Pour ce qui est de la vie quotidienne à l’époque, je me fie aux cours de cette professeur fabuleuse qu’était Colette Beaune, des archives que j’ai conservées précieusement depuis l’université.
Pour le reste, je possède de nombreux manuels ou périodiques à la maison, sur La magie à l’époque carolingienne de Pierre Riché, sur Gerbert d’Aurillac (le pape sorcier de l’an 1000), sur La divination et la magie dans l’Occident médiéval,de Jean-Patrice Boudet, etc. Et je glisse souvent sur internet à la recherche de précisions ou de visions alternatives sur tel ou tel événement.
Au sujet de la carte du livre, vous êtes-vous inspiré de cartes d’époque à laquelle vous avez ajouté des éléments fictifs ? Comment l’avez-vous réalisée ?
Cette carte je l’ai réalisée quand j’étais étudiant en prépa, dans le cadre des cours sur le XIIIème siècle en France et en Angleterre. À la plume et à l’encre. Je l’ai effectivement légèrement modifiée en fonction des besoins de mes histoires. Mais le côté imaginaire est davantage visible sur la carte des Secrets du Premier coffre représentant le voyage de Jean de Mandeville jusqu’en Chine.
Trois mots pour la fin ?
Kosigan un jour, Kosigan toujours !
Kosigan – Un Printemps de sang sera disponible dès le 21 août en librairie et sur notre site.
Côté agenda, retrouvez Fabien Cerutti pour une soirée de lancement exceptionnelle le 5 septembre à la librairie La Dimension fantastique à Paris !