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Olivier Bérenval nous parle de L’Œuf du dragon

Avec la sortie en librairie du roman de Robert L. Forward, L’Œuf du dragon, Olivier Bérenval, coéditeur de la collection Stellaire chez Mnémos, répond à nos questions au sujet de ce chef d’œuvre de la science-fiction à (re)découvrir.

Quelle place a, selon vous, Robert L.Forward dans le paysage de la science-fiction mondiale ? Comment l’avez-vous découvert ? Qu’est-ce qui vous a poussé à l’éditer ?

Forward est un auteur-culte des fans de science-fiction des années 1980s et j’en fais partie, je l’ai lu très jeune ! Avec L’Œuf du Dragon, Forward avait d’ailleurs obtenu le prix Locus en 1981, une belle consécration pour ce scientifique américain. L’édition française originale date de près de quarante ans, il fallait donc un peu « dépoussiérer » la traduction pour faire redécouvrir cet auteur majeur à nos lecteurs !

Quelles sont les caractéristiques de son imaginaire ? Quels sont d’après vous les grands axes de réflexion de  Robert L.Forward dans L’Oeuf du Dragon ?

Forward est un représentant majeur du courant hard science de la science-fiction et aussi un scientifique de renom (c’est un spécialiste des technologies spatiales et des ondes gravitationnelles). Donc tout son imaginaire est bâti à partir de connaissances très solides. L’Œuf du Dragon, se déroule sur une étoile à neutrons où la force de gravité est soixante-sept milliards de fois plus forte que sur Terre. Avant de commencer à rédiger son roman, il a passé plus d’un an derrière son ordinateur à concevoir son monde fictif, ses paramètres physiques, et la biologie de ses habitants !

Forward a peuplé l’astre d’êtres appelés “cheelas” dont le temps relatif est un million de fois plus rapide que pour les humains ; leur durée de vie est d’environ quarante-cinq minutes et leur évolution par générations successives est tout aussi accélérée. Il nous fait découvrir tous les aspects d’une civilisation différente de la nôtre et parvient à nous expliquer leur évolution, leurs cultes religieux, leurs choix technologiques, etc. C’est l’un des rares romans à décrire de façon aussi complète une xénoespèce, ce qui rend le premier contact avec une mission d’exploration humaine encore plus intéressant !

Son œuvre a-t-elle eu une incidence sur notre perception du monde ? Y-a-t-il encore des œuvres d’inspiration « forwardienne » de nos jours ?

Absolument. Forward a beaucoup participé à titre personnel à la vulgarisation des sciences spatiales, l’un de ses prototypes de détecteurs d’ondes gravitationnelles est même exposé au musée du Smithsonian Institute, à Washington ! Dans l’entretien en postface, sa fille Eve multiplie les exemples de la passion de son père pour les sciences et son énergie communicative pour l’expliquer à des non-initiés. Dans le courant hard science de la SF, il joue un rôle de passeur entre les « Anciens » des années 1960-80s (avec des auteurs comme Sheffield ou Benford) et les « Modernes » (Baxter, Egan ou Watts, bien connus des amateurs du genre). Ce qui différencie surtout Forward de ces derniers, c’est sa tonalité positive, car les romans vont devenir de plus en plus sombres au tournant des années 2000, en phase avec l’évolution de notre monde. Donc relire Forward, c’est être sûr de passer un bon moment avec un roman de science-fiction solide scientifiquement, avec une touche d’humour et d’optimisme !

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