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Une histoire de révolution et d’amour… entretien avec Emmanuel Brault

Tous les Hommes… voilà un titre intrigant, qui s’inspire d’une référence célèbre, et fondatrice ?

Ce titre fait allusion à une future France galactique devenue la Fédération, un empire de quatre-vingt-quatre planètes dans le cadre duquel se déroule ce roman. Cette France du futur a gardé ses valeurs cardinales, en l’occurrence la déclaration des droits de l’homme de 1789, et son article 1 : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. 

Plus précisément Tous les Hommes est l’histoire d’une passion amoureuse qui va bouleverser le destin de cette Fédération, un empire puissant non dénué d’ambigüité. D’un côté, il y a la déclaration des droits de l’homme et la démocratie. Mais il y aussi les coups tordus et les hypocrisies propres au pouvoir, reprenant la célèbre maxime de Georges Orwell, critique d’une certaine démocratie : tous les animaux sont libres mais certains le sont plus que d’autres. 

Cette France est d’ailleurs régie par des castes !

J’ai voulu revenir aux fondamentaux de notre pays, car nous sommes un pays de castes, nous l’étions tout du moins. Il y a la caste de nos héros, les ulysses, chargés de transporter l’hydrogène dans toute la Fédération, mais aussi les curies, la caste des chercheurs, ou les richelieux, celle des diplomates. C’était passionnant de réfléchir à ce sujet sans partis-pris. 

Revenons à cette passion amoureuse dont tu parlais, elle va avoir des conséquences…

La petite histoire va rejoindre la grande histoire ! 

Vangelis, Alfred et Astide, les trois personnages principaux du roman, sont des ulysses embarqués sur Ulysse31, un vaisseau transportant l’hydrogène, la source d’énergie principale de cet France galactique de 84 planètes.

Vangelis est le commandant du vaisseau, il a rencontré Alfred dans des circonstances dramatiques, alors que ce dernier est battu à mort par un contremaître. Il le rachète, et l’aime  déjà sans le savoir. Il l’engage comme mécanicien au sein de son vaisseau. Astide, le jeune narrateur de cette histoire et apprenti-Ulysse de Vangelis, nous raconte comment ce dernier et Alfred s’aimeront, alors que rien ne les destinait l’un à l’autre.

N’en disons pas trop, c’est un amour que nous qualifierons de « contre-nature » dans cette Fédération mais pas pour les raisons qu’on croit ?

Le roman pourrait se résumer ainsi : quel destin pour cet amour contre-nature, un conte de fée (Cendrillon) ou une fin tragique (Anna Karénine, Emma Bovary) ?

Signalons que cela n’a rien à voir avec l’homosexualité qui n’est plus un sujet dans ce monde, comme les autres sexualités. Je suis persuadé que bientôt, ces sujets n’en seront plus. Cela dit, cette histoire a forcément une résonnance aujourd’hui pour ces amours qui ne demandent qu’à exister sans qu’on leur oppose toutes sortes d’absurdités.

En parlant d’amour contre-nature, le roman aborde un autre sujet : Alfred et ses semblables sont considérés comme des animaux dans cette France-là. Ils ont peu ou prou un statut d’esclave. Ces amours sont à la rigueur tolérées dans les « attrape-cœurs », des lieux de plaisir, mais cela ne doit pas aller plus loin. Que le respectable Vangelis, commandant du vaisseau Ulysse31 soit compromis dans ce type de relation va engendrer d’importantes conséquences…

Nous ne dévoilerons pas pourquoi Alfred est considéré comme un animal, le lecteur le découvrira par lui-même, et sera pour le moins surpris ! Les nombreuses allusions littéraires de ce roman m’ont marqué, tu accordes une grande importance à la littérature dans cette histoire.

La littérature m’a permis de grandir, elle est comme la compagne de mes jours et de mes nuits. J’ai voulu faire de la Fédération, un empire dans lequel la littérature a une place centrale. Les humanités sont par exemple les enseignements principaux des élèves aspirant à intégrer une caste, car avant d’être un technicien, il faut devenir un homme ! Les planètes s’appellent Racine ou Bossuet, la planète capitale se prénomme Charlemagne. La ville de Rabelais, capitale de la planète Pandore, dans laquelle va se dénouer ce roman, a des rues qui font allusion à des personnages, des expressions ou des titres de livre : la rue des Jeunes-Filles-en-Fleurs, la rue Ferdinand, la ceinture des Singes-en-Hiver ou la rue des vents-mauvais. Sans parler de la fin, une allusion à La Duchesse de Langeais de Balzac.

Cela dit, je ne crois pas que la littérature retrouvera la place qu’elle avait il y a encore 50 ans comme c’est le cas dans cette Fédération. On a tort de dire qu’écrire de la science-fiction c’est prévoir le futur. Parfois oui, mais parfois ce sont des délires, c’est très bien le délire. 

As-tu un dernier mot à ajouter pour donner envie au lecteur de découvrir Tous les Hommes ?

Si vous aimez le mélange des genres, les romans en trompe-l’œil, les contre-pieds, alors ce roman vous plaira ! Il est inclassable, à la fois roman de science-fiction de type « space-opera », mais aussi roman de voyage, d’aventures, et d‘amour fou ! 

Si, en plus, vous aimez les histoires avec des personnages attachants et des rebondissements, des voyages, une révolution et toute la gamme des sentiments humains, des grands enjeux ayant une résonnance sur nos grandes problématiques actuelles, alors ce roman est fait pour vous !

Emmanuel Brault

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