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Un Monde plus-que-parfait d’Emmanuel Brault, une fable pleine de mordant dans un monde dystopique !

Un monde plus-que-parfait, votre nouveau roman, paraît prochainement. Comment celui-ci est-il né ? En réfléchissant comme Alfred sur un banc ?

Les premiers mots ont été écrits en pleine première vague de Covid en avril 2020. J’ai suivi pas à pas Alfred, mon personnage principal, la période tourmentée dans laquelle nous étions m’ayant inspiré pour décrire cette société absurde où l’on se doit de privilégier l’indicatif, de dire ce qu’on a sur le cœur et de prévenir lorsqu’on fait de l’humour !

De quoi cela parle-t-il ? Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Alfred, informaticien, marié avec deux enfants, découvre une petite annonce qui promet un travail de rêve dans une contrée lointaine, il suffit d’appeler un numéro de téléphone. A sa grande surprise, Alfred, qui se croyait satisfait de sa vie, candidate. Il va devoir faire des choix radicaux pour obtenir ce travail. Il va surtout se révéler à lui-même et vomir littéralement cette société dans laquelle il vivait sans histoire. Le moins qu’on puisse dire, est qu’il ne va pas y aller de main morte.

Fable cynique et drôle, Un monde plus-que-parfait dépeint les travers absurdes d’une société régit par l’indicatif. Utiliser l’imaginaire est-il une manière pour vous d’aborder des sujets que vous n’auriez pas pu traité autrement ?

Avez-vous remarqué que l’expression rien du tout contient un oxymore avec rien et tout ? C’est comme cela qu’Alfred parle a sa femme à un moment important du roman. Je n’avais aucune intention particulière et pourtant, ce roman est sans doute l’un des plus engagés que j’ai écrit.

Cette société dans laquelle évolue Alfred est absurde, elle relève de l’imaginaire, mais elle a bien des points communs avec la nôtre. D’abord, ce déluge de bonnes intentions qui sont autant de mots d’ordre qui avancent masqués. Allez les bleus ! Le tout avec un homme en arme par habitant à Paris, ou presque, durant les JO. Je note également une infantilisation des esprits. Allez dans un stade et vous verrez : il faut applaudir, il faut chanter, il faut se lever, il faut s’asseoir, il faut se lever à nouveau. Le mot d’ordre est de s’amuser. Mais ayez le malheur de franchir une barrière de sécurité, un groupe d’hommes armés vous tombent dessus, et vous ordonnent de revenir sagement à votre place. Le roman ne fait que reproduire cet état d’esprit sans rien ajouter, hormis un peu de fantaisie.

Pensez-vous que nous avons tous un peu d’Alfred en nous ?

A divers titres, nous avons tous le point commun de rêver d’une autre vie. Toute la difficulté est de savoir à quel moment aller voir ailleurs et à quel moment, faire du sur-place.

Outre l’actualité et le monde dans lequel nous vivons, avez-vous eu d’autres sources d’inspiration ?

Mon éditeur, Davy Athuil, a évoqué le fait divers de Dupont de Ligonnès lorsqu’il a découvert mon roman la première fois. C’est frappant lorsqu’on lit l’histoire, ce n’était pourtant pas voulu !

J’ai une prédilection pour les univers absurdes et loufoques, ceux qui jouent sur les mots, qui se retrouvent dans mes livres. Les romans d’Abe Kôbô (La femme des sables, L’homme boîte), Le Maître et Marguerite, de Boulgakov, La Métamorphose de Kafka, ou plus récemment, Zaï Zaï Zaï, la bande dessinée de FabCaro. L’imaginaire regorge également d’univers incroyables. Le Guide du Voyageur Galactique, en constitue l’exemple parfait.

Quel serait votre conseil à vos lecteurs pour savourer pleinement Un monde plus-que-parfait ?

Pour tous les romans, il faut être aussi vierge qu’un enfant, se laisser prendre la main et se faire son jugement à la fin. L’idéal est encore de ne pas expliquer, ni juger, ni en parler, plutôt laisser le roman pourrir en soi.

Trois mots pour la fin ?

Fuir, Courir vite.

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Estelle Hamelin

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