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Complots et magie avec Conjurations de Bleuenn Guillou !

Plus que 5 jours avant la sortie de Conjurations – Otage de L’Empire de Bleuenn Guillou !
Et en attendant de pouvoir le découvrir, nous vous proposons de plonger ensemble dans l’univers de cette fantasy romaine Young Adult à travers cette interview captivante !

Otage de l’Empire, premier volet de Conjurations, paraît prochainement. Comment celui-ci est-il né ?

J’ai toujours eu envie d’écrire sur fond d’Empire romain, car je suis passionnée par cette période depuis toujours, tout en sachant que je ne voulais pas écrire de l’historique, parce que ça m’aurait pris des années de recherche ! Au final, ça me semblait logique de le placer en imaginaire, puisque c’est ce que j’aime lire et que ça me permettait quelques libertés, comme l’égalité entre les hommes et les femmes.

Pour l’histoire même, je me suis inspirée des otages à la romaine : les enfants de figures importantes des provinces nouvellement annexées, élevés à Rome à la romaine, puis replacés chez eux pour participer à la romanisation.

J’avais très envie de complots politiques sur fond de crise de succession, dans cette période qui m’est chère, avec des femmes puissantes qui se battent pour la couronne.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur l’intrigue ?

On suit Livia, otage de l’Empire d’Urbs et fiancée au prince cadet de l’Empereur, alors qu’elle prévoit d’assassiner Agrippine, l’héritière du trône, pour y mettre son fiancé à la place. Tout bascule lorsque l’empereur meurt brutalement : Agrippine n’est plus l’héritière, elle est l’impératrice, et elle déteste Livia, dont elle compte bien se débarrasser.

En même temps, des explosions visent la famille impériale, le fiancé de Livia se met à agir bizarrement et les responsabilités du pouvoir pèsent sur les épaules de chacun.

On est plongé dans des complots politiques, où se jouent alliances, trahisons et secrets, avec une pointe de magie dangereuse et une bonne dose de femmes puissantes.

Histoire antique, magie, comment en êtes-vous venue à faire ce mélange ? Cela-vous permet-il d’aborder des sujets en particulier ?

Alors cette décision vient de l’origine même de mon roman : je suis donc passionnée d’histoire romaine, et mon œuvre préférée est Caligula, de Camus. Cette pièce de théâtre m’a poussée à m’intéresser à Caligula, un empereur romain tyrannique. Mais le plus intéressant, c’est que les premiers mois de son règne ont été idylliques… avant de basculer brutalement vers la tyrannie. Pourquoi ce basculement ? Il a été malade, il a perdu sa sœur… mais les historiens n’ont que des hypothèses, aucune certitude.

J’ai décidé de répondre à cette question avec la magie. Je n’en dirais pas plus pour ne pas spoiler, mais c’est la raison première de la présence de la magie.

Ensuite, ce qui m’intéresse particulièrement avec la magie, ce n’est pas ce qu’elle est capable d’apporter… mais le prix qu’il faut payer pour l’utiliser. Ici, le prix est tellement élevé que personne ne l’utilise. La question du sacrifice et de l’utilisation de cette magie va devenir centrale, parce que ça donnerait un avantage que les autres n’ont pas.

De plus, les romains croyaient fermement à la magie et allaient régulièrement acheter des malédictions aux sorcières… donc le mélange coulait de soi !

Pas de blanc ou de noir, mais des personnages toutes en nuances, très humains malgré ou grâce à leurs défauts. Comment les avez-vous créé ? Ont-ils suivi le chemin que vous aviez prévu ou ont-ils pris des libertés ?

Je déteste le manichéisme et plus encore les personnages manichéens. Pour moi, aucun humain n’est tout blanc ou tout noir, et chacun pense être le héros de sa propre histoire. C’est ce que j’ai voulu transmettre ici : chaque personnage a ses croyances, ses opinions, ses valeurs, sa personnalité… et en fonction de ça, chacun a ses objectifs propres et pense faire ce qui est nécessaire pour les atteindre. Pour moi, c’est primordial qu’il n’y ait pas de « méchant » à proprement parler. Un antagoniste peut devenir un allié, un allié peut devenir un traître. Les alliances peuvent basculer : tout est possible, parce que les opinions et désirs des personnages fluctuent parfois aussi, ou parce qu’ils peuvent évoluer.

Je suis une autrice très architecte, donc les personnages ont suivi le plan que j’avais décidé en amont : pas de place à l’improvisation !

Par contre, lorsque je les crée, ce que je trouve très important, ce sont les relations, ils ne se construisent pas seuls, mais les uns par rapport aux autres.

Fatalité ou mauvais choix ?
Cette fois, pas de malédiction des dieux. Juste les conséquences des choix de vos personnages face au dilemme « tuer ou être tué ».
Avez-vous un personnage dont vous vous sentez plus proche ?

Souvent, les auteurs écrivent une version embellie d’eux en protagoniste, plus ou moins consciemment – on écrit parfois le héros que l’on voudrait être. Pour moi, c’est le contraire ! Livia, par certains côtés, est proche de moi, mais j’ai accentué ses traits de personnalité. Par extension, Agrippine et Livia se ressemblant, on peut dire que je partage aussi quelques traits de caractère avec Agrippine, pourtant présentée comme l’antagoniste.

La relation entre Livia et Agrippine est d’ailleurs celle que j’ai préférée écrire : deux antagonistes qui se ressemblent bien plus qui ne le voudraient.

Ce sont donc les personnages dont je suis le plus proche. Elles représentent aussi des archétypes de femmes puissantes, qui ne s’excusent pas d’avoir de l’ambition et de se montrer parfois cruelles. Je trouve que c’est important d’avoir ce genre de représentation, encore trop souvent négatives quand il s’agit de femmes alors que c’est positif quand des hommes sont concernés !

Votre roman s’inspire de la Rome Antique. Avez-vous dû faire beaucoup de recherches ? Comment avez-vous travaillé ?

À l’origine, j’ai fait un master de recherche en histoire romaine – et plus spécifiquement en histoire romaine du Ier siècle, donc le début de l’Empire. Du coup, c’est une période que je connais déjà très bien, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai choisi cette époque ! Ça me passionne depuis des années, j’ai même vécu en Italie pour mon mémoire, donc je connaissais déjà les rouages politiques, le fonctionnement de la société, etc. Ensuite, j’ai dû faire des recherches plus poussées sur certains aspects, comme les véhicules ou les cérémonies de mariage. Là, j’utilise des articles de recherche, comme à l’époque où je faisais mon mémoire ! Ça me rappelle de bons souvenirs. Si vous vous demandez, le sujet de mon mémoire était : la représentation honorifique et politique des statues équestres dans l’espace urbain romain. Oui, c’est en partie pour ça que vous avez droit à des courses de char, mon professeur était spécialisé dans les animaux et les jeux du cirque – et j’adore les courses de char, trop sous-cotées par rapport aux gladiateurs.

Si vous deviez proposer un casting pour les personnages principaux, qui aimeriez-vous avoir ?

Alors il faut savoir que je suis aphantasique : je n’ai pas d’image dans la tête ! Donc je ne me représente pas du tout mes personnages. Je n’ai donc aucune idée de la tête qu’ils pourraient avoir, mais pour m’aider à les décrire toujours de la même manière (sinon ils changent de couleur de cheveux, de coiffure ou de taille de temps en temps), je me base sur les photographies d’acteurs ou de mannequins en général.

Livia : Luma Grothe, dans la campagne de pub Olympéa de Paco Rabanne,

Agrippine : Mannequin dans la campagne Olimpia de Paco Peregrin (nom pas trouvé),

Cassius : Niels Schneider, en tant que Télémaque, dans Odysseus,

Caius : Simon Wood, en tant qu’Octave, dans Rome.

Trois mots pour la fin ?

Ça sera plutôt 5 phrases : les membres du bookclub Naos ont chacune donné 5 raisons de découvrir Conjurations, qu’elles ont lu en avant-première :

– l’ambiance Game of Thrones à la romaine, tout en tension,

– les complots, trahisons, secrets et rebondissements qui créent des montagnes russes émotionnelles,

– la relation Agrippine-Livia (et Agrippine),

– les personnages tout en nuances, morally grey (surtout Agrippine),

– l’écriture rythmée et cruelle.

Conjurations – Otage de L’Empire de Bleuenn Guillou sort le 21 août en librairie.

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Estelle Hamelin

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